Madame la ministre,
Depuis plus de vingt ans, notre organisation – la CSOFA (Chambre Syndicale des Organismes de Formation en Alternance)- entretient un dialogue régulier avec les équipes gouvernementales. A ce titre nous avons souvent été à l’origine d’idées innovantes et nous avons, publiquement, affirmé notre soutien à la réforme de l’apprentissage. Cette réforme que nous appelions de nos voeux constitue une réussite sur différents plans.
Nos organismes (OF&CFA) y sont aussi pour une part: ils ont apporté au système leur connaissance de l’entreprise comme de la pédagogie de l’alternance,, leur dynamisme dans le placement et leur réactivité, lesquels avaient été forgés de longue date sur le terrain de l’alternance en contrat de qualification et de professionnalisation.
Aujourd’hui, pourtant, nous sommes inquiets des changements qui se profilent, à l’heure où notre profession qui concerne directement un million d’apprentis, des milliers de salariés et d’entreprises partenaires, n’a, pour la première fois, pas d’interlocuteur identifié.
L’un de nos sujets de préoccupation est lié à la baisse conséquente des niveaux de prise en charge.
Sur ce plan, notre inquiétude repose sur plusieurs fondements:
-Comment pourrons nous proposer des choix d’orientation et des formations de qualité alors même que les derniers dispositifs qualité (auxquels nous nous sommes conformés avec diligence) demandent du temps, du personnel et de l’investissement ? N’est-il pas paradoxal de nous demander plus (placement, qualité, pédagogie … ) en réduisant nos moyens ? Ou encore souhaiter le développement d’un appareil de formation de qualité alors même qu’une économie de 200 millions est annoncée sur le poste de l’apprentissage?
– Comment investir sur des moyens pédagogiques en pleine période d’augmentation des prix (énergie, services, matériels etc … ), alors même qu’à niveau équivalent, nous sommes déjà très en dessous des coûts éducation nationale ?
-Comment permettre à nos milliers de salariés d’exercer dans des conditions pédagogiques satisfaisantes si nous sommes condamnés à augmenter considérablement le nombre d’apprentis par formation et par formateur (alors même que nos publics demandent plus de suivi) ?
Combien faut-il investir dans de nouvelles méthodes ou outils de formation ?
Toutes ces questions entrent dans le cercle de nos préoccupations …
Par ailleurs, s’il y a effectivement un coût aux primes d’embauche, il faut les remettre dans un contexte global. Sur les plans, humain, social et économique (les apprentis s’insèrent, trouvent du travail, consomment. .. ), ces primes constituent un investissement efficace, comme le montrent d’ailleurs différentes études. (Exemple https://www.waltasso .fr/enseignement superieur-apprentissage-levier-ascension-sociale/#etude-financement-apprentissage-2023.
Envisage-t-on de passer du tout au rien, au risque de produire auprès des jeunes, des familles et des entreprises, un signal et un effet négatif sur ce qui constitue une réussite de l’actuelle politique ? Ne doit-on pas, en outre, garder à l’esprit combien l’apprentissage, qui a permis à tant de jeunes de milieux modestes, d’accéder à des formations supérieures, est aussi un instrument de l’égalité des chances?
Nous sommes aussi préoccupés par les discussions sur la création annoncée d’un nouveau label. Il existe déjà des modes de contrôle et de labélisation, est-il nécessaire d’en ajouter plutôt que de parfaire l’existant ? Pourquoi ces réflexions sont-elles menées uniquement avec les très gros acteurs au détriment des OF et CFA de taille moyenne, dont l’importance a pourtant été soulignée par France Compétences ?
Nous avons, bien entendu, des idées, des propositions sur ces questions à propos desquelles nous nous exprimerons certainement dans la sphère publique et auprès des jeunes.
Toutefois ce qui importe le plus est de pouvoir échanger de façon constructive comme cela s’est toujours fait, c’est pourquoi nous sollicitons un rendez-vous avec vous même et/ou tout membre de l’équipe gouvernementale concerné.e par ce dossier -sachant comme évoqué plus haut que nous ignorons à l’heure actuelle qui est notre principal interlocuteur. Il va de soi que nous nous adapterons aux dates, lieux et modalités qui pourront vous convenir.
Dans l’attente, nous vous prions, Madame La Ministre de croire à l’expression de notre haute considération.